Choc tension et colère devant la préfecture du Puy.

L’ambiance était plutôt à la confiance, à l’optimisme et à l’espoir pour Madama Diawara, pour sa famille d’accueil, Éric et Véronique, et pour la trentaine de personnes venu les soutenir en ce lundi matin, sous le soleil.

Le premier choc les frappe lorsque devant la porte, les policiers interdisent à Eric Durupt et Véronique de Marconnay d’accompagner Madama à l’intérieur de la préfecture. Comme cela leur avait été accordé le vendredi précédent. Finalement le jeune homme pourra rentrer accompagné d’une tierce personne. Eric Durupt explose de colère une première fois devant cette décision incompréhensible. Et tous les présents sont pétrifiés.

Le choc suivant aura lieu à la sortie de Madama.

On comprend à son regard baissé que l’entrevue n’a pas été ce que l’on espérait. Il nous raconte comment on lui a proposé de retourner dans son pays d’origine avec la fameuse aide au retour c’est-à-dire une somme d’argent dérisoire. Combien ? On ne lui a pas précisé ni quand mais Madama a opposé un refus bien déterminé : il veut rester ici.

Après 17 jours de grève de la faim, Eric Durupt est à bout, il tient debout par la force de sa conviction et de sa détermination.
Aujourd’hui il ne contrôle plus sa colère. Il en tremble, la hurle, la pleure, et finalement s’effondre, victime d’une crise de panique et d’un malaise. Après un rapide examen, le SAMU le transporte à l’hôpital Emile Roux.
Il n’est pas le seul choqué. Tout le monde présent l’est aussi. L’incompréhension les sidère tous. Pourquoi cet acharnement ? Pourquoi ce garçon ? Pourquoi Madama ? Y aurait-il quelque chose qu’on ne nous dit pas ?
Finalement on découvre un communiqué de presse envoyé quelques minutes auparavant —à 10 h10, précisément alors que le jeune homme est déjà à l’intérieur dans les bureaux—, par le préfet qui justifie ainsi sa décision : Éric et Véronique auraient « tenu la semaine dernière des propos indignes et révoltants à l’endroits de l’Etat et de ses représentants. Ils ne seront reçus à la préfecture de la Haute-Loire que postérieurement au retrait public de tels propos et aux excuses qu’ils ne manqueront pas de formuler». Puis il ajoute : «Dans la version dématérialisées du Progrès La Tribune du 9 février 2021, Monsieur Eric Durupt indiquait que le refus de délivrance d’une carte de séjour, sur présentation de fausses pièces d’état civil, est du racisme de l’Etat. Madame de Marconnay dans une interview à France Bleue Saint-Etienne du 12 février 2021 établissait clairement un parallèle entre le jeune malien en situation irrégulière et le « martyr des juifs » durant la seconde guerre mondiale qui fuyaient la logique implacable de déportation et de mort du régime nazi».

Mais ce message ne leur a pas été adressé ni envoyé directement. Et on peut s’étonner qu’il n’arrive que quelques minutes après l’entrée de Madama dans la Préfecture. La méthode a de quoi surprendre !

Surtout si l’on considère que la décision est prise par une seule personne, sans que l’on puisse voir le fameux rapport de la PAF (Police de l’air et des frontières) qui «dirait» que les papiers auraient été falsifiés. Habituellement s’il y a faux papiers l’affaire va en justice et c’est la justice qui tranche. Or aujourd’hui, une seule personne peut-être habilitée à décider du sort d’une ou plusieurs personnes en toute légalité, sans qu’il soit possible pour elles de se défendre.

Le jeune homme bénéficie d’un soutien national. Outre les 35 000 signatures déjà récoltées par la pétition, de nombreuses organisations ont manifesté leur soutien et ont déjà signées l’appel à la manifestation du mercredi 17 février, à 10 h 30, place Cadelade au Puy.

Texte d’appel à la manifestation

MOBILISATION POUR QUE MADAMA RESTE EN FRANCE !

 Nous avons recueilli il y a 2 ans Madama, un jeune migrant rescapé d’un long périple en provenance du Mali.  Nous l’avons accompagné dans tout son parcours en France. Il fait pour ainsi dire partie de notre famille. Mais pour combien de temps?

MADAMA EST AUJOURD’HUI DANS LA DETRESSE:  la préfecture de Haute-Loire refuse de lui accorder un titre de séjour et prévoit de lui délivrer une Obligation de Quitter le Territoire Français (OQTF). Pourtant, il a une promesse d’embauche dans une exploitation agricole, il est inscrit dans un établissement scolaire pour préparer un CAP d’ouvrier agricole. Et puis nous sommes là, nous, sa famille d’accueil, pour le soutenir.

Madama est un jeune courageux, travailleur et honnête.  A 16 ans à peine, il a fui la misère de son village natal, il a parcouru le désert, puis traversé la mer sur un canot dont tous les occupants n’ont pas survécu.  Il a traversé une partie des Alpes à pied, poursuivi par les chiens des gendarmes, la peur au ventre.

Quand il est arrivé en France, Madama a répondu à un bénévole qui lui demandait ce qu’il voulait faire en France : « Je veux être vivant. »

NOUS DEMANDONS POUR LUI LE DROIT DE VIVRE ICI DIGNEMENT. 

Si nos demandes n’aboutissent pas, Madama sera arrêté et enfermé dans un centre de rétention en attendant une expulsion vers le Mali, ou condamné à la clandestinité.  Nous ne l’acceptons pas.  Que nous reste-t-il d’autre que de faire une grève de la faim et de demander votre soutien solidaire?

Aujourd’hui Eric est en grève de la faim depuis 15 jours.

Votre soutien peut tout changer!  Aidez Madama à retrouver son sourire radieux!

SOYONS NOMBREUX.SES A MANIFESTER

MERCREDI 17 FEVRIER à 10h30 PLACE CADELADE

Premiers signataires :
SUD Education43, Union Solidaires43, FSU 43, CGT43, UCL Le Puy, Planning Familial43, Comité Intermittents et précaires43, PCF43, Front de Gauche, Comité Brivadois de Soutien aux Opprimés, France Insoumise, Génération.s, EELV, UCL, LDH, Libre Pensée, ATTAC en Velay, RESF 43, Confédération paysanne43,

 

 

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