Film : Prochain train

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Je partage un court métrage : « Prochain train »

Un film de Benoît Labourdette (2’51s, 2024).

L’arrêt du temps. Et puis la vie qui revient. La douleur est la vie. La douceur est la vie. Réplications. Messages. Double hélice. Panser.

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Prolongements

Lorsqu’on vit des expériences limites ou traumatiques, on peut se retrouver dans un vécu du temps qui déborde complètement du cadre habituellement admis. Peut-être que cela nous met en contact avec une réalité philosophique plus profonde de ce qu’est le temps. Pour prolonger ce film, dans lequel j’ai superposé un temps à lui-même, le concept de « synthèse du temps » du philosophe Gilles Deleuze, qui a tant travaillé sur le cinéma, me semble pouvoir éclairer, ou complexifier — ce qui est au fond un peu la même chose —, la compréhension de ce que serait une plus vraie nature du temps.

Gilles Deleuze remet en question la conception traditionnelle du temps comme une simple succession d’instants. Il propose une vision plus complexe et non linéaire de la temporalité. Dans son livre « Différence et répétition » (1968), il s’appuie sur une thèse du philosophe David Hume (18e Siècle) : La répétition ne change rien dans l’objet qui se répète, mais elle change quelque chose dans l’esprit qui la contemple. Deleuze s’intéresse au réel tel qu’il se crée dans notre conscience, ce qui est sans doute sa plus profonde réalité, et ouvre finalement sur sa pensée philosophique générale du monde. Pour lui, le temps n’est que le présent, tissé d’un réseau extrêmement complexe de superpositions en tous sens et sur de multiples plans.

Le temps ne se constitue que dans la synthèse originaire qui porte sur la répétition des instants. Cette synthèse contracte les uns dans les autres les instants successifs indépendants. Elle constitue par là le présent vécu, le présent vivant. Et c’est dans ce présent que le temps se déploie. C’est à lui qu’appartiennent et le passé et le futur : le passé dans la mesure où les instants précédents sont retenus dans la contraction ; le futur, parce que l’attente est anticipation dans cette même contraction. Le passé et le futur ne désignent pas des instants, distincts d’un instant supposé présent, mais les dimensions du présent lui-même en tant qu’il contracte les instants.

[…]

Une seule et même voix pour tout le multiple aux mille voies, un seul et même Océan pour toutes les gouttes, une seule clameur de l’Être pour tous les étants. À condition d’avoir atteint pour chaque étant, pour chaque goutte et dans chaque voie, l’état d’excès, c’est-à-dire la différence qui les déplace et les déguise, et les fait revenir, en tournant sur sa pointe mobile.

Gilles Deleuze, Différence et répétition, PUF, collection Épiméthée, Paris, 1968.

Benoît Labourdette est cinéaste, pédagogue, chercheur et consultant en innovation culturelle et stratégies numériques. Il est aussi artiste pluridisciplinaire et dirigeant d’entreprise.

Il propose le partage de ses films et autres œuvres, ainsi que des ressources méthodologiques, culturelles et pédagogiques sur son site.

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