Madama Diawara était convoqué ce mardi part la PAF (police de l’Air et des Frontières) à Gerzat, près de Clermont. Le motif de la convocation était « audition » dans le cadre de la demande de régularisation du jeune homme demandée depuis maintenant près d’un an.
La famille d’accueil et Madama ainsi que les avocats ne se sont pas méfiés de cette convocation et s’y sont bien rendu sagement avec les nouveaux papiers. Ils étaient confiants et pensaient que le dossier avançait. Ils y voyaient une lueur ans le tunnel puisque cela signifiait que le dossier était réouvert et réétudié. Eric Durupt a été entendu pendant près de deux heures. Véronique De Marconnay a également fait l’objet d’une longue audition. Et quand ce fut le tour de Madama il était placé en garde à vue. Toute l’après-midi le comité de soutien faisait fonctionner les SMS et les téléphones pour se tenir au courant, jusqu’à la fin de journée où nous apprenions, choqués, qu’il allait être envoyé en centre de rétention à Lyon dans le but d’être expulsé, la Police des frontières concluant que les papiers sont faux. Et Madama serait coupable de fabrication de faux papiers et d’usage de faux papiers. Il est donc expulsable. Mais lest toutefois convoqué en octobre au tribunal, ce qui est contradictoire.
Pourtant ces papiers ont été une fois plus réclamée par la famille d’accueil et non par Madama qui ne les a jamais eu en main donc il n’avait aucune possibilité de les falsifier. Comme d’ailleurs les fois précédentes. Pour mémoire, la PAF a été jusqu’à estimé faux des papiers délivrés directement par l’Ambassade du Mali à Paris. Comment une ambassade peut-elle se permettre de faire des faux papiers ?
En fait la police se permet de prendre des décisions sans passer par la justice et ainsi le prévenu ne peut pas se défendre comme il faut et la police se contente des preuves qu’elle fournit elle-même. Nous ne sommes plus dans le droit mais cette façon de faire ressemble étrangement à ce qu’on attendrait d’un État policier.
Pour la famille et le garçon c’est un cauchemar. Ils étaient venus confiants, sans prendre d’affaire, pensant rentrer à la maison le soir. Il faut rappeler que Madama vient d’une région où le conflit avec les islamistes fait rage. Les troupes sont à la porte de son village. Et avec le réchauffement climatique, dans cette région, la sécheresse avance, et il fait actuellement environ 40°. Autant dire que c’est renvoyé Madama à la misère, voire à la mort.
Pour mémoire rappelons que Madama est arrivé alors qu’il avait 16 ans voici plus de 2 ans et qu’il a été placé en temps que mineur isolé et en danger en famille d’accueil chez Eric et Véronique. La première chose faite par sa nouvelle famille a été de le scolarisé pour qu’il apprenne le français. Puis vient le temps de l’apprentissage. Il trouve un employeur qui, après un stage s’attache à lui et veut le garder mais depuis maintenant 1 an, la préfecture s’oppose à cette embauche, demandant encore et encore de refaire des papiers. La famille se plie docilement à toutes ses demandes, demande au pays et paye les frais exorbitants pour l’envoie des papiers, se déplace à ambassade de Paris, chaque fois que nécessaire pour un nouveau papier : acte de naissance, carte consulaire, etc. Ce sont eux qui font les démarches parce que Madama a un français trop approximatif et ils veulent prouver ainsi leur bonne foi et leur bonne volonté. Mais rien n’y fait. La Préfecture accuse chaque fois Madama de faux. Eric et Véronique ont beau insister pour dire que ce sont eux qui ont demandé les papiers.
Mais personne ne baisse les bras.
Après 19 jours de grève de la faim d’Eric Durupt, des mobilisations chaque jour devant la Préfecture, des manifestations, des pétitions, personne ne veut baisser les bras. Madama, fait partie de cette famille, il a sa place ici en Haute-Loire. Ses employeurs sont décidés à l’attendre.