Film de Guy Debord de 1973
La Société du spectacle est un essai de Guy Debord publié initialement le 14 novembre 1967 chez Buchet/Chastel. Le livre connut un fort retentissement avant et pendant les événements de Mai 68. La présence des Situationnistes pendant les «événements» de 68 a été déterminante et dans les années qui suivirent leurs actions, leurs slogans, leurs provocations étaient très inspirateurs pour de nombreux mouvements au point que Gérard Lebovici demanda à G. Debord d’en faire un film.
Le livre est agencé comme un essai politique et vise à exposer son sujet de manière assertive. Debord ne cherche pas à démontrer ni même à convaincre, mais à montrer. Il rejoint ainsi la conception de Marx en disant que la philosophie doit trouver sa réalisation et non plus sa discussion. L’auteur prolonge dans cet essai la critique du fétichisme de la marchandise que Marx développe en 1867 dans Le Capital, elle-même un prolongement de la théorie de l’aliénation exposée par Marx dans ses Manuscrits de 1844. L’originalité de la réflexion de Debord consiste à décrire l’avance contemporaine du capitalisme sur la vie de tous les jours, c’est-à-dire dans son emprise sur le monde à travers la marchandise. Cette filiation s’exprime par un certain nombre de reprises, dont la première phrase du livre est l’annonce. En effet, la phrase d’ouverture de la Société du Spectacle est un détournement de la phrase d’ouverture du Capital de Karl Marx :
« La richesse des sociétés dans lesquelles règne le mode de production capitaliste s’annonce comme une immense accumulation de marchandises. » (première phrase dans le livre de Marx)
« Toute la vie des sociétés dans lesquelles règnent les conditions modernes de production s’annonce comme une immense accumulation de spectacles. » (première phrase de La Société du Spectacle)
Le film réalisé en 1973 reprend les grandes lignes du livre en les mettant en scène avec des images détournées.
Livre et film font parties des ouvrages majeurs du siècle.