Qu’apprend-on d’une descente sinon l’élan qui nous y conduit, cette irrémédiable poussée de l’être vers sa propre révélation ?
Connue pour ses peintures à grande échelle constructivistes aux couleurs électrisantes, Hélène Latte explorent la relation entre langage et abstraction en commençant souvent par des surfaces planes composées de gris colorés. Ces compositions évoquent des symboles pré-linguistiques dont les formes éphémères et les perspectives changeantes suggèrent à la fois le pouvoir et les limites du langage, et remettent finalement en question le canon moderniste de l’abstraction.
L’artiste se concentre sur la construction d’une écriture abstraite qui s’étend au-delà du cadre et de la forme. Dans un premier temps, les peintures produites sont élaborées sur des logiciels simples où l’artiste peut pervertir, redimensionner, reconfigurer et réorienter ses trajectoires dans des figures qui déplacent l’équilibre du pouvoir et de la dépendance. Son oeuvre abstraite, hommage aux maîtres comme Josef Albers, Vassily Kandinsky et El Lissitzky fonctionne ici comme un moyen de contourner le monde , une descente ciblée vers la perception, où les formes sont des signifiants potentiels de leur vie antérieure en tant qu’objets, symboles, désormais dépouillés de leur chosité, sans devoir les nommer. (Alain Barret Novembre 2023) Extrait
La force de la collection Frison-barret est le reflet d’une « intimité de l’art » ayant une ordonnance personnelle et un engagement affirmé. Elle ne réside pas en un exposé chronologique d’oeuvres, comme on en trouve dans certains lieux, mais dans une volonté d’assumer ses manques reconnus, les « vides » imposés obligeant à réinventer des rapprochements et même, pourrions-nous dire, de se construire avec eux.
Au contraire, ici, c’est la construction de la collection elle-même qui est visible, loin d’un simple énoncé linéaire, cet accrochage pourra donc permettre de constater que non seulement la collection n‘est pas faite uniquement de ruptures, mais aussi d’une certaine forme d’arborescences rhizomiques. De plus la présence de Florence Reymond, Lionel Sabatté, Philippe Favier et bien d’autres ne s’explique pas tant parce qu’ils occupent une place d’éclat dans l’art contemporain mais bien plutôt parce que leurs œuvres furent présentées dans nos anciens murs lors de grandes expositions personnelles, faisant suite à de véritables rencontres émotionnelles et intellectuelles.
Fenêtre ouverte sur l‘art contemporain, cet accrochage pourra donc permettre au visiteur de saisir ce qui peut unir, ou au contraire opposer, une abstraction à une toile figurative, une performance à une installation vidéo. Fenêtres encore qui mettront en avant avec mesure et discrétion des relations formelles et historiques, des artistes peu vus et pour certains délaissés. C’est en ce sens que cet accrochage est une réussite didactique : il montre une histoire de la création en dialogue. Mieux, en tension.
Alain-Christian Barret, Juin 2023
Horaires :
en semaine sur RDV pour les groupes.