Le Réseau Education Sans Frontière est actuellement le plus large réseau de solidarité organisée pour les « Sans Papier, réfugiés, demandeurs d’asile» et autres «migrants», en France.
Il est présent sur tout le territoire et rassemble des millions d’adeptes. Impossible toutefois de faire un véritable inventaire puisque comme son nom l’indique c’est un «réseau», c’est-à-dire un assemblage, un rassemblement d’une multitude d’entités : associations, collectifs, groupements temporaires, comités, individus, personnalités publiques ou politiques.
En Haute-Loire le Réseau est également présent partout sur le département. A l’occasion de l’Assemblée générale extraordinaire qui vient de se tenir, ce mercredi 7 février, on a pu constater son ampleur. 75 personnes ont répondu présentes. Parmi celles-ci on compte une vingtaine d’associations représentées, telles que la Ligue des Droits de l’homme, le Secours Catholique, la Croix Rouge, ATAC, Amnesty International, des associations d’artistes, de nombreux comités locaux installés parfois dans des recoins improbables, et bien d’autres.
Les sujets pour convoquer cette assemblée extraordinaire sont nombreux.
La réunion s’est ouverte sur un bilan. Depuis une année les activités du Réseau se sont accélérées parce que les demandes d’assistance se sont multipliées. Aujourd’hui se sont 25 familles qui ont des dossiers en attente ou qui ont été déboutées du droit d’asile et tentent des recours. Cela représente 110 personnes, moitié adultes, moitié enfants dont plusieurs sont nés ici. Parmi ces familles, certaines ont plus de 5 ans de présence sur le territoire français.
L’inquiétude aujourd’hui porte sur le fait que les centres d’hébergement doivent désormais donner la liste des personnes accueillies, en situation irrégulière. Cela représente directement un appel à la délation. De plus des tickets d’achat qui permettaient à ses familles de s’approvisionner à leur gré dans certaines grandes surfaces ne leur seraient plus distribués. Ainsi elles n’auront pour seul approvisionnement que les paniers repas de la banque alimentaire distribuée par les associations. Ces paniers sont insuffisants et ne portent que sur le minimum vital. Pour s’en sortir, les familles doivent cumuler plusieurs paniers, cela veut dire passer des après-midi entières à faire la queue à chaque permanence. Une famille de 4 personnes a besoin de 4 paniers par semaines environ, soit 4 demies journées mobilisées à faire la queue chaque semaine. Le Secours Catholique annonce d’aileurs une dodation de 6000 € pour suppléer le manque de ces tickets.
Un bilan inquiétant également du côté des mineurs étrangers isolés. En principe tout mineur doit être pris en charge par l’ASE (Aide sociale à l’enfance) qui doit les mettre à l’abri, leur faire suivre un contrôle médical et s’occuper des questions administratives, notamment de la récupération de leurs papiers d’identité, passeport, etc. Aujourd’hui de nombreux mineurs ont été mis à la rue sous prétexte qu’il y aura suspicion de majorité et doute quant à leur minorité. Le Réseau a retrouvé une trentaine de ces mineurs dormant dans la rue, quel que soit le climat du jour, pluie, neige, vent, certains malades et fiévreux. L’ASE s’appuie sur des évaluations rédigées par un des responsables. A la lecture de ces évaluations, le Réseau constate de nombreuses erreurs, des confusions de personnes, des avis personnels des rédacteurs qui frisent le délit de faciès. Il demande également que le bénéfice du doute serve aux jeunes jusqu’à ce que la preuve de leur minorité ou majorité soit apportée. Actuellement c’est au réseau que revient cette tâche et force est de constater que pour tous les jeunes pris en charge, la preuve a été faite de leur réelle minorité. Il s’en suit une action juridique qui doit statuer sur la prise en charge de ces jeunes. Toutes ces démarches ont un coût en temps, il faut parfois des mois avant que ces démarches n’aboutissent. Et une action en justice a également un prix de revient. Un hébergement régulier et une démarche automatique serait beaucoup plus rapide, économique et efficace. Que gagne t-on à faire trainer ?
Une inquiétude grandissante également face au projet de loi «Asile et immigration» qui laisse entrevoir un durcissement de la situation. Toutes les associations et observatoires s’accorde sur ce point.
Forte de ces constats la réunion s’est poursuivie sur l’organisation de la solidarité, la suite des actions à mener et notamment un certain nombre de démarches à destination des pouvoirs publics, telles que demandes de rendez-vous, rédaction de lettre, etc.
En conclusion il est rappelé que des Etats Généraux des migrations doivent se tenir bientôt et il est décidé qu’un atelier de réflexion sera organisé le 10 mars au Puy pour le préparation de ces Etats Généraux.