Que dire qui n’est pas été déjà dit ?
Que leur humour, leur impertinence, leur générosité nous manquera, qu’on les aimait.
Charlie a accompagné ma vie et avant lui Hara Kiri que j’ai découvert dans les années 60 quand des copains de mon père le ramenait et qu’ils feuilletaient et commentaient joyeusement les articles ou les dessins. Puis il y eut Pilote et le grand Duduche est devenu une sorte de grand frère. Alors naturellement Charlie s’est installé dans nos vies. A chaque événement on se demandait «Qu’en pense Charlie, qu’en dit Charlie ?» Ils ont été critiqués et traînés dans la boue pour leur anticléricalisme, mais ils disaient en dessin et publiquement ce que je/nous n’osions pas dire tout haut. Ils étaient comme des hauts parleurs.
Horreur, amitié, détermination
C’est l’horreur qui nous a saisi, ce matin, quand l’incroyable nouvelle est survenue : un attentat sanglant contre Charlie Hebdo, des hommes armés, douze morts, près de vingt blessés. L’horreur, qui nous abasourdit. Et nous laisse sans mots.
L’amitié, ensuite, pour ceux et celles que nous connaissons et que nous aimons, et pour ceux et celles que nous ne connaissons pas. La douleur pour les morts, la désolation pour les blessés, l’amitié et le désir de réconfort pour leurs proches, leurs amis, leurs enfants. Comment vous dire qu’on est avec vous, avec notre tendresse et notre impuissance ? Mais nous sommes avec vous, de tout notre cœur.
Et puis la détermination. Ce sont des journalistes qu’on a voulu tuer, c’est la presse qu’on a voulu abattre, c’est la liberté qu’on a voulu détruire. Eh bien, nous le disons : nous ne céderons pas. Dans les temps difficiles d’aujourd’hui, et les jours sombres qui se profilent, il est vital que la liberté continue, s’exprime, s’affirme. Nous continuerons notre travail d’information et de témoignage, avec encore plus de détermination et d’énergie que jamais. (Texte collectif de la coordination des Médias Libres)