2 films au programme : Classe de Lutte et Sochaux, 11 juin 1968
Films réalisés par les Groupe Medvedkine de Besançon et Sochaux.
En mars 1967, Chris Marker et Mario Marret filment la grève dans la filature de Rhodiaceta (groupe Rhônes-Poulenc) de Besançon, à la demande de Pol Cèbe, bibliothécaire de l’usine qui envisage un projet où les ouvriers pourraient prendre en main leur émancipation par la réappropriation de la culture. Ce sera « A bientôt j’espère ». Quelques mois plus tard, lors de la projection du film, les critiques fusent.
Chris Marker conclue la soirée avec ces mots : « Le film que vous souhaitez finalement, mes enfants, c’est vous qui le ferez ».
Il ressort l’idée de former les ouvriers au maniement des outils de l’audiovisuel pour qu’ils fassent eux-mêmes les films. C’est ainsi que naissent les « Groupes Medvedkine » : des ouvriers de Besançon et de Sochaux, et une poignée de techniciens du cinéma et des cinéastes comme Chris Marker, Joris Ivens, Jean-Luc Godard ou René Vautier s’associent librement et consacrent du temps, de l’énergie, de la réflexion, à faire des films ensemble, à décrire les conditions de vie des ouvriers et leurs revendications.
De cette expérience, restent quelques heures de films documentaire sur la fin d’une utopie prolétaire. D’un outil pour « abrutir les masses », les ouvriers le transforment en témoignages de leur vie.
Le premier film réalisé sera Classe de lutte
Il suit la création d’une section syndicale CGT dans une usine d’horlogerie de Besançon par une ouvrière, Suzanne, dont c’est le premier travail militant en décembre 1967, lors d’une grève. Comment Suzanne réussit à mobiliser les autres femmes de l’entreprise, malgré la méfiance des autres dirigeants syndicaux et les intimidations du patronat ?
Sochaux, 11 juin 1968 (1970)
Le 11 juin 68, 22e jour de grève à Peugeot Sochaux, 4 heures du matin. Les ouvriers qui viennent relever les piquets de grève trouvent leurs camarades matraqués. La manifestation qui suit sera l’une des dernières du printemps 68 mais sans doute l’une des plus violentes. En une journée, 150 blessés, 2 morts. Le Groupe Medvedkine de Sochaux a filmé quelques images ce jour-là mais le film ne sera monté qu’en 1970, pour rendre hommage aux 2 ouvriers morts lors de cette manifestation.