Peur sur la ville : la liberté de la presse en question

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Nous avons censuré la vidéo de la manifestation du 07 janvier contre la tenue de la conférence d’Yvan Benedetti à la librairie des Arts Enracinés au Puy, à la suite de messages de pression et d’insultes que nous avons subi. Ces pressions sont des atteintes inacceptables à la liberté de la presse et à la liberté d’expression. Si nous avons accepté de censurer, c’est pour préserver notre tranquillité et la tranquillité sociale dans notre ville.

Je tiens à préciser que ces pressions et ces insultes n’émanent pas des Arts enracinés ni de leurs sympathisants mais de personnes de notre entourage qui osent se prétendre de gauche. Ces méthodes sont inacceptables et intolérables. J’ai hésité à porter plainte mais encore une fois, notre volonté de sérénité l’a emporté et nous espérons que le dialogue se réinstallera et qu’il y aura bientôt un débat sur cette question.

 

Depuis quelques années, les journalistes sont régulièrement attaqués et on a vu pendant le mouvement des Gilets Jaunes un déferlement de violence contre les journalistes. Sans revenir sur la tragédie de Charlie — qui étaient des copains—.

Nous-mêmes avons été pris à partie et agressés, insultés par des gens de tendances indéfinissables, que nous pensions être d’extrêmes droites, et par la police qui nous a cassé du matériel. Mais il est bien évident que la liberté d’informer est un droit sacré que nous devons défendre coûte que coûte. C’est du moins ce qui nous porte pour continuer à maintenir ce site.

Certe la police utilise les images publiées, mais elle utilise les images d’où quelles viennent, de la presse aussi bien que des milliers d’individus qui postent sur les réseaux. On voit partout des téléphones brandis qui filment. Alors pourquoi les journalistes sont-ils plus attaqués que le pékin moyen qui poste sur Insta ou Twitter, ou FaceMachin sans contrôle professionnel ?

On a vu dans les procès des images récupérées sur Internet utilisées à charge.

Pourtant ces images ne constituent pas une preuve puisqu’elles ont fait l’objet de montage, de transformation et manipulation.

En droit français, l’image numérique ne peut constituer une preuve devant un tribunal qu’à partir du moment où il est possible de prouver le lieu, la date de prise de vue et l’intégrité de l’image, c’est-à-dire que celle-ci ne doit pas avoir subi de retouche. Et de fait seule les images prises par des huissiers ou des gens assermentés peuvent faire preuve. Si certaines de nos images sont utilisées lors de procès, la Défense a tout loisir de les réfuter.  Si elle ne le fait pas c’est son problème et sa stratégie et on n’a pas à intervenir sur ses choix. On a vu au Puy lors des procès des Gilets Jaunes des images péchées sur Internet utilisées, mais rien ne prouvait que ces images n’avaient pas été trafiquées. Donc elles auraient pu être réfutées. Encore une fois c’est le choix de la Défense et nous n’avons pas de jugement à porter là-dessus.

Au nom de la liberté d’expression, chacun est libre de faire les images qu’il veut à condition qu’il s’inscrive dans le cadre légal. C’est ce que nous faisons. Nous militons pour cela. Et le seul titre de militant que personnellement je revendique est celui là. Je suis une militante inconditionnelle de la liberté d’expression et de la liberté de la presse, sauf préjudice, racisme, sexisme, etc.

La personne qui m’a envoyé les injonctions et les insultes a justifié cela en me parlant de la peur.

Certe, la présence d’un groupe d’activistes d’extrême droite au Puy peut faire peur. Mais ce n’est pas la première fois. Il y a régulièrement eu de tels groupes au Puy, dans le passé. Il y a eu des lieux d’entraînement, également. Il y a eu 1 mort dans les années 70. Pendant les manifestations des Gilets Jaunes on a put voir des groupes d’activistes dans la bagarre. Il est dommage que cela n’ait pas fait l’objet de débat ni d’action en justice.

Si aujourd’hui un mouvement Antifa tel que Rafahl 43 appelle à manifester, forcément c’est pour rendre visible le mécontentement public et créer un groupe de pression auprès des services publics. Donc il y a nécessité de la présence de la presse. Le silence serait pire que tout. Les mêmes qui se plaignent de l’usage de nos images, se plaignent de l’absence des médias plus importants. Si en même temps on demande que les images ne soient pas relayées il y a une totale contradiction. Et c’est castrer d’emblée le mouvement. Et cela n’empêchera pas des individus isolés de diffuser n’importe quoi, ni les militants de tous bords de venir faire des images. La censure est un acte politique. A une autre époque on aurait appelé cela de la collaboration.

Au centre du débat, il y a la peur.

La peur que chacun peut éprouver face au danger potentiel ou imaginé. L’évaluation du danger est subjective. Et dans cette évaluation il faut introduire la notion de temps : danger immédiat, ou futur, qui peut le savoir ? La peur est quelque chose qu’on peut instrumentaliser très facilement et d’autant plus en usant de cette question du temps. On voit par exemple le gouvernement ou les pouvoirs politiques instrumentaliser la peur à plus ou moins long terme. Seule l’histoire pouvant apporter la preuve de la légitimité de cette peur. Comme on l’a vu avec la Covid ou autre virus. avec les migrations, avec la crise énergétique, avec le terrorisme, ou les luttes politiques, etc. Et cette notion de futur casse toute possibilité de dialogue puisque personne n’a les outils pour mesurer les degrés de réalisme. La stratégie de la peur fait partie de l’arsenal politique depuis longtemps et n’est plus l’apanage des gouvernements d’extrêmes droites comme c’était le cas précédemment. Cette stratégie est maintenant bien ancrée dans le libéralisme.
Cette peur qui paralyse les gens, qui leur fait oublier tout raisonnement, toute logique, qui les fait plonger dans l’obéissance à des injonctions improbables et absurdes. Cette peur qui instrumentalise la question de l’instrument lui-même. Comme celles du confinement qui nous obligeait à faire des attestations et des autorisations de sortie nous-mêmes, pour nous-mêmes. On a atteint là le sommet de l’absurde et pourtant la majorité des gens ont obéis.

Dire que l’on n’a pas peur est faux, inutile, et ne fait rien avancer. Ce qui est important et la question qui me parait juste à poser est : Qu’est-ce que je fais avec cette peur ? Comment je peux m’en sortir et comment je peux l’utiliser ? Sur qui je vais pouvoir me reposer, m’appuyer pour la supporter ?

La mauvaise question dont il faut se défendre et se défaire est « qui je vais rendre responsable». Si je trouve un responsable à proximité, me débarrasse-t-il de ma peur? M’expliquera-t-il le sens de ma peur ?

Pour ma part, il me semble que le premier travail d’un groupe militant, associatif, syndical, ou autre est de se poser la question «comment lutter contre notre propre peur», la peur individuelle paralysant l’action collective. Il n’y a pas de militantisme possible, il n’y a pas d’activisme possible sans appréhension de cette peur individuelle. Militer dans un groupe politique implique forcément à un moment donné de se confronter à cette peur, peur de ses compagnons, peur de pas être à la hauteur, peur de ce qu’on va affronter, peur d’un danger réel, peur de l’adversaire, l’ennemi, de celui qu’on a en face, que ce soit un danger matériel, administratif, virtuel. Ou physique.
Le militantisme est comme un sport de haut niveau. Le sportif qui n’appréhende pas sa peur, qui ne la domine pas, qui ne la comprend pas, pourra-t-il accéder au titre désiré ?

En bref, et pour conclusion nous ne sommes pas responsables de l’usage qui est fait de nos images et nous dégageons toute responsabilité sur l’usage qui peut en être fait. Et la censure que nous avons accepté aujourd’hui est la dernière que nous accepterons, d’où qu’elle vienne.

Nous acceptons les commentaires et les discussions qui pourront faire avancer le débat.

Salutations et fraternité

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5 Replies to “Peur sur la ville : la liberté de la presse en question”

  1. Victor dit :

    J’espère que cela participera à vous ouvrir les yeux sur ce que sont réellement les groupes dits antifascistes : une fausse radicalité couplée à une bêtise crasse.
    Vos ennemis ne sont pas les gens comme Benedetti ou ceux qui gravitent autour de la librairie : ceux là je vous l’assure veulent la paix et milite pour l’autodétermination des peuples libérés des tutelles bancaires et communautaires.
    L’antifa est là pour intimider et stigmatiser les aspirations naturelles du peuple français à vivre libre chez lui.
    Ouvrez les yeux svp, tout est inversé aujourd’hui.

    1. Spout dit :

      Les amis de la librairie qui ont tabassés un couple de passants uniquement parce que l’un d’eux portait un t-shirt de gauche vouaient la paix ?

      1. Victor dit :

        Mes excuses je ne l’avais pas vu.

        1. Victor dit :

          Ah ben en fait non, toujours « en attente modération »…

  2. Anarchie dit :

    quand tu es cité par les Arts Enracinés, et que tu te dis « média militant », je crois qu’il y a un soucis.
    De nombreux personnes sont en taules à cause d’image de journalistes. Tout le monde sait que les flics, et les fachos regardent ces images pour retrouver ces militants. Ce n’est pas de la peur, mais des précautions à prendre.
    Quand à la liberté d’expression inconditionnelle, ça s’appelle les libertariens, et c’est plus proche de l’alt right que du camp de l’émancipation.

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