Migrants : Laurent Wauquiez n’en veut pas. J. Livchine lui répond

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Le président de la Région Auvergne Rhône-Alpes Laurent Wauquiez refuse d’accueillir les migrants de la jungle de Calais et appelle les maires à de le Région à refuser le plan de répartition proposé par le gouvernement.

Auvergne-Rhone-Alpes region chairperson and president of Les Republicains party Laurent Wauquiez gives a press confrence to talk about the migrants' politics of the governement on September 15, 2016 in Lyon, southeastern France. / AFP PHOTO / PHILIPPE DESMAZES

Laurent Wauquiez organise une nouvelle forme de résistance contre le plan du gouvernement qui tente d’organiser la répartition dans les régions des 12 000 réfugiés de la «jungle» de Calais.

Alors que Auvergne-Rhône-Alpes devrait accueillir 1784 migrants d’ici la mi-octobre, le président de la Région est à l’initiative d’une pétition pour refuser cet accueil.

Il faut rappeler que la Région en tant que telle n’est pas compétente face à ce plan du gouvernement. Pourtant Laurent Wauquiez n’hésite pas à s’engager et à promettre l’aide juridique du Conseil régional pour les recours administratifs qui ne manqueront pas de s’élever contre les élus frondeurs. « L’État cible volontairement des petites communes rurales sans moyens juridiques » a accusé le président de la Région.

Il réclame en outre que la liste des communes dans lesquelles l‘État veut placer des réfugiés soit rendue publique par le ministre de l’Intérieur. Il « exige » également de Bernard Cazeneuve une réunion au ministère avec tous les maires concernés.

Monsieur Wauquier oublie que lors des élections municipales du Puy-en-Velay en 2007, il offrait une subvention à la mosquée de Guitard pour s’attirer les votes de la population issue de l’émigration. Il oublie aussi toutes les promesses qu’il a fait à cette occasion dans la m^me mosquée.

Monsieur Wauquier oublie aussi s’être réclamé de l’héritage du Chambon-sur-Lignon, affirmant tantôt qu’il y avait été scolarisé, tantôt qu’il y avait grandi, et il oublie que pour servir son ambition il a fait élire sa mère sur la commune. Etranges trous de mémoire.

La réponse de Jacques Livchine : lettre à Laurent Wauquiez

Monsieur le Président de la Région Rhône Alpes Auvergne, Monsieur Laurent Wauquiez

Je voudrais vous rappeler que le village du Chambon sur Lignon en Auvergne est le seul à avoir sa plaque de village des justes au mémorial Yad Vashem de Jerusalem. Je dois ma vie à ce village qui a accepté d’accueillir mes parents pourchassés par le nazisme et le pétainisme. Et vous, dont la mère Eliane est maire de ce village vous refusez d’accueillir dans votre immense Région, 1784 réfugiés ! A lui tout seul, le Chambon a accueilli 5000 réfugiés. J ’avoue que je suis à ce point navré que le mot pour qualifier votre attitude est à inventer tant elle est empreinte d’inhumanité, d’égoïsme et de calcul électoral. Si la déchéance de nationalité existait, c’est à vous que je l’appliquerais.

Ce texte publié sur son compte Face…… connait un écho incroyable. L’Obs publie un texte que nous reproduit-sons ici :

J’ai mis longtemps avant de comprendre que j’étais né dans un lieu remarquable.

Ma mère m’avait bien parlé de ce pasteur André Trocmé, qui avait fait dès le début de la guerre un discours complètement fou dans le temple du Chambon-sur-Lignon. On appelle ce discours celui des armes de l’esprit. « Se battre avec les armes de l’esprit », disait-il. Il y a même eu un film fait par un Américain né comme moi dans ce village, qui s’appelle « Les armes de l’esprit ».

Un peu plus tard, il a prévenu tous les paroissiens que des gens allaient arriver, et que leur devoir était de les accueillir. Alors toutes les portes de toutes les maisons de toutes les fermes se sont ouvertes. Et ce sont peut être 5.000 personnes qui sont passées par le Chambon, ont trouvé là un petit paradis, car c’était un village unique. Quand Laval l’a visité, tous les volets des maisons sont restés fermés.

Le pasteur Trocmé… magnifique. J’ai acheté des livres pour tout savoir sur cet homme remarquable.

Mon père a échappé de peu à la déportation

Mon père a été arrêté par la police française alors qu’il habitait rue Raffaëlli à Paris, près du Parc des princes. Il insistait souvent : il n’avait pas été arrêté par la Gestapo, mais par la police française. Pourquoi avait-il répondu aux ordres de Pétain, pourquoi était-il allé s’inscrire au commissariat comme juif apatride russe ? Parce qu’il n’avait pas honte de ce qu’il était, et qu’il avait confiance dans la France qu’il habitait depuis 1931.

Il a alors été emmené à Drancy. Un jour, j’ai emmené ma mère âgée, sans rien lui dire, en promenade. Et d’un seul coup, quand on est arrivé cité de la Muette, elle a reconnu les lieux, elle me dit : « ça, c’est l’escalier où était enfermé Papa ». Et de me raconter toute l’histoire.

Mon père, affaibli, malade, fut interné à l’hôpital Rotschild. C’est là qu’il a croisé Jacqueline Durckheim, une médecin faisant partie de notre famille par alliance. Elle lui a annoncé que le lendemain, un premier convoi partirait vers l’Est, et qu’il n’y avait donc pas de temps à perdre. Elle lui a donné un costume, alors qu’il était en pyjama de détenu, il a passé le contrôle et il s’est enfui. Mille fois, à tous les repas de famille, mon père racontait son évasion. Nous, les enfants, on n’en pouvait plus…

Les parents meurent et on a oublié de les interroger sur toute cette période. Mais je sais que si je m’appelle Jacques, c’est à cause de cette tante Jacqueline.

Il a trouvé refuge dans le village où on aime les juifs

Mon père s’évade, et sur un renseignement de sa belle-sœur, la tante Marcelle, il part au Chambon-sur-Lignon, le village où on aime les juifs. Il racontait qu’il y était arrivé en vélo depuis Saint-Etienne. Et moi, je calcule que j’ai donc été conçu juste après son évasion de Drancy. Je suis comme ça, j’ai voulu savoir. J’aime dire que je suis né d’un sperme appauvri et que de là viennent toutes mes tares.

En 2004, j’entends Jacques Chirac parler du Chambon-sur-Lignon, à l’occasion d’un déplacement en Haute-Loire. Ouh là là, me dis-je… J’imagine que ma mère se promenait avec un landau, et qu’elle croisait Albert Camus, qui soignait ici sa tuberculose en écrivant « La Peste ». Et qu’Albert Camus lui aurait dit « quel joli bambin » alors que j’avais un strabisme pas possible.

J’ai décidé de partir en pèlerinage sur le lieu de ma naissance, « côte des molles » au Chambon-sur-Lignon. Récemment, on a retrouvé une lettre jetée du train du convoi 52, du 25 mars 1943. La mère et la sœur de mon père savaient que j’étais né, et elles avaient griffonné ce mot de félicitation pour le petit Jacques. Elles sont mortes au camp de Sobibor, tandis qu’au Chambon les photos évoquent un vrai bonheur.

Le goût du pouvoir rend bien malade

Je voulais voir la plaque de Jérusalem, où, au mémorial de Yad Vashem, une stèle honore Chambon, le seul village du monde qualifié de « juste parmi les justes ». J’ai parcouru longtemps le bois de ce mémorial. En voyant le nom de Chamon, c’était trop beau, j’ai eu une petite larme.

Alors voilà, des gens simples modestes, pas riches, dans un village de 3.000 habitants, ont accueilli et caché de 3.000 à 5.000 juifs pourchassés par le nazisme et le pétainisme, et Laurent Wauquiez, qui aurait grandi dans ce village et qui est maintenant aux manettes d’une immense région, refuse 1.784 personnes chassées de leur pays par la guerre…

Cet homme est un brillant surdiplômé – il a même appris l’arabe –, et sa mère est maire du Chambon. Comment est-ce possible ? Quelle leçon a-t-il retenu de l’histoire ? Il croit que les Français ne veulent pas ouvrir leur porte, mais il se trompe. Le goût du pouvoir rend bien malade. Dans le bois de l’inhumanité et de la honte, je lui fabriquerai une belle plaque :

« Laurent Wauquiez, président de la région Rhône-Alpes-Auvergne, a refusé d’accueillir en septembre 2016, 1.784 réfugiés. »

=> D’après l’Obs : http://leplus.nouvelobs.com/contribution/1561145-m-wauquiez-vous-refusez-d-accueillir-des-refugies-une-attitude-honteuse-et-inhumaine.html

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