Le 22 septembre lors de l’Assemblée plénière du Conseil Régional Auvergne-Rhône-Alpes, la séance de délibération a approuvé le cadeau promis aux chasseurs.
Le dossier de presse appelle cela pudiquement un «partenariat» en insistant sur les «actions efficaces» et leur implication pour la défense de l’environnement.
« Les chasseurs, comme bientôt les pêcheurs, deviennent une composante à part entière du dispositif régional de défense de la biodiversité, alors qu’auparavant ils en étaient exclus.»
Ils se verront donc attribuer une subvention de 3 millions d’euros, ou plus précisément « Une convention pluriannuelle d’objectifs de 2 955 210 euros sur 3 ans signée avec la Fédération Régionale des Chasseurs (FRC) et les 12 Fédérations départementales.»
Ainsi Laurent Wauquiez tient des promesses faites en pleine campagne électorale, dans une lettre adressé aux chasseurs — que Reporterre avait rendu publique — dans laquelle il annonçait « un juste rééquilibrage des subventions qui ont beaucoup trop profité ces dernières années à des écologistes dogmatiques et guidés par des motifs purement idéologiques ». (Lettre de Laurent Wauquiez aux chasseurs).
Cette somme, répartie sur trois ans, correspond, à 30.000 euros près, à l’ensemble des subventions touchées en 2015 par les associations de protection de la nature…
La Fédération Régional de Chasse ne recevait « presque rien » de la région jusqu’à présent. La subvention aurait été de 70.400 euros en 2015 et de 74.950 euros pour 2016. L’aide régionale, étalée selon la convention jusqu’en 2018, se verrait donc multipliée par… 40.
Jean-François Debat, président du groupe SDEA (socialistes, démocrates, écologistes, apparentés) à la région dénonce la tentative de « s’acheter les faveurs des 119.000 chasseurs de la région ». Il accuse Laurent Wauquiez de « s’offr[ir] sur le dos du contribuable un accès à leur fichier pour pouvoir communiquer avec eux directement à huit mois des présidentielles ». (Communiqué de presse)
Cette dotation a fait l’objet d’un rapport préalable au titre de l’«Environnement, développement durable et énergie» signé par le Président lui-même et nous apprend que «La filière chasse génère chaque année 3.6 milliards d’euros de chiffre d’affaire et elle contribue à hauteur de 2,1 milliards d’euros à la richesse nationale (PIB) : 25 800 emplois et 500 000 bénévoles.
En Auvergne Rhône-Alpes, 119 000 chasseurs sont recensés et les retombées économiques estimées à environ 233 millions d’euros soit 1% du PIB régional. La filière génère 2 859 emplois.» (Voir le rapport)
Ces chiffres mériteraient d’être vérifiés et développés puisque livrés comme tels ils sont difficiles à justifier. Comment les «2 859 emplois et 5810 emplois bénévoles» (selon la FRC) de la 2e plus grosse région de France peuvent donner 500 000 bénévoles nationalement ?
Cela sous-entend que la population des chasseurs seraient supérieure à l’emploi dans l’industrie automobile, et par là même des métiers du spectacle et de la culture.
Ruralité : où sont les paysans ? Des dotations qui favorisent les inégalités.
Pendant cette assemblée plénière consacrée à la ruralité, les sujets se sont succédés sur les questions essentielles, telles que la chasse, le tourisme, le désert médical. Et un sujet qui touche beaucoup de communes d’Auvergne : la question des aides aux bourg centre. «Une intervention régionale est également prévue en faveur des bourgs centres et des pôles de services. Elle cible les communes entre 2 000 et 20 000 habitants fragilisées par les baisses de dotation de l’Etat.» Cette délibération grossi les disparité entre les communes, comme l’a fait remarqué Hervé Saulignac, élu d’Ardèche.