Sauver les zones humides : barrage de Sivens

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Barrage de Sivens : un projet d’intérêt général ?

Le projet de « retenue Sivens » se situe dans l’Ouest du Tarn (commune de Lisle sur Tarn, à 10 km environ de Gaillac), sur la partie sauvage et préservée de la rivière du Tescou (affluent du Tarn).

Le barrage serait construit le long de la forêt de Sivens, en aval du lieu-dit de Barat, sur des Espaces Boisés Classés (EBC) et dans la zone naturelle d’intérêt écologique, faunistique et floristique (ZNIEFF). 29 hectares, soit 60% de l’emprise d’acquisition de la retenue (48 ha), sont boisés (friches, peupleraies, vergers de résineux, taillis…). Il ennoierait la zone humide du Testet, dernière zone humide d’importance du bassin versant du Tescou, qualifiée par la DREAL comme faisant « partie des zones humides majeures du département du point de vue de la biodiversité ». D’une capacité établie à 1,5 millions de m3, les mesures approximatives de la retenue seraient : 1,5 km de longueur, 230 m de large, 48 ha de surface d’emprise du projet, environ 4 m de profondeur à plein. La hauteur du mur au-dessus du terrain naturel serait de 12,8 m. Le projet serait financé à 100 % par des fonds publics (7 806 000 €HT pour l’investissement). Les financeurs prévus sont le maître d’ouvrage (le Conseil Général du Tarn, avec une participation à venir du CG du Tarn-et-Garonne également), l’Agence de l’Eau Adour-Garonne, la Région Midi-Pyrénées et l’Europe. [1]

Une des dernières zones humide du Tarn : un milieu écologique important à protéger

Les zones humides sont d’importants réservoirs de biodiversité et ont un pouvoir d’épuration important, filtrant les polluants. Elles contribuent également au renouvellement des nappes phréatiques et stockent naturellement le carbone, contribuant à limiter l’impact des activités humaines émettrices de CO2. Par ailleurs, elles protègent des crues comme des sécheresses par leur capacité à accumuler l’eau et à la restituer en période sèche. De plus, les zones humides ont également des valeurs culturelles, touristiques, éducatives, scientifiques et patrimoniales.

Selon le site du ministère du développement durable, on a assisté, depuis le début du XXème siècle, à la disparition de 67 % de leur surface sous la conjonction de trois facteurs : l’intensification des pratiques agricoles, des aménagements hydrauliques inadaptés, la pression de l’urbanisation et la construction des infrastructures de transport. Malgré un ralentissement de leur régression depuis le début des années 1990, lié à une prise de conscience collective de leur intérêt socio-économique, les zones humides sont parmi les milieux les plus dégradés et les plus menacés (à la fois du point de vue des surfaces concernées et de leur état de conservation).

La zone humide du Testet est la dernière zone humide d’importance du bassin versant du Tescou. Elle représente une superficie de 18.8 hectares dont 12.7 (68%) sont situés dans l’emprise du projet de barrage. Elle est composée, d’une part, d’une large ripisylve (ou forêt riveraine) qui borde le Tescou, avec en majorité des aulnes, des saules, des frênes. Et, d’autre part, de prairies permanentes naturelles qui sont actuellement mises à disposition de deux agriculteurs pour pâturage. Ce site abrite également une riche biodiversité avec la présence d’espèces végétales et animales dont certaines bénéficient de mesures règlementaires de protection. Selon la DREAL (dans son analyse technique de la demande de dérogation à la loi protégeant les espèces protégées), le site est, en effet, caractérisé par la présence de nombreuses espèces animales protégées : 7 espèces d’insectes, 7 espèces d’amphibiens, 7 espèces de reptiles, 42 espèces d’oiseaux, 18 espèces de chiroptères, 1 espèce de poisson. Si vous souhaitez plus d’informations sur cette zone humide, vous pouvez consulter le site du réseau SAGNE, programme régional financé par l’Agence de l’Eau Adour-Garonne, la Région Midi-Pyrénées, le Ministère de l’Ecologie et l’Europe, qui a pour objectif de « contribuer à la conservation des zones humides du Tarn, patrimoine d’intérêt collectif ». On soulignera, au passage, la politique incohérente de ces institutions qui financent ainsi la protection des zones humides et débloquent en parallèle d’importants fonds pour des projets qui les détruisent comme le barrage de Sivens. Malheureusement, ceci n’est que la partie immergée de l’iceberg des incohérences et des manipulations qui caractérisent ce dossier.

Lire la suite : Sur le site des Amis de la Terre

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