Guy Debord débordé

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Novembre 1967 voyait publié le livre La Société du spectacle de Guy Debord. Artiste, poète, cinéaste, penseur, Guy Debord (1931-1994), est une figure artistique, intellectuelle et politique singulière de la seconde moitié du XXe siècle. La Société du spectacle, son ouvrage majeur, marque les mouvements sociaux de son époque et influe particulièrement les événements de Mai 68 dont il est à la fois un des théoriciens et un des inspirateurs, avec l’Internationale Situationniste, qu’il anime entre 1957 et 1972.

Ce cinquantième anniversaire a donné lieu à une présentation de l’œuvre à la salle Canopé, au Puy le 25 novembre 2017.  Pourquoi le Puy-en-Velay ? Il faut rappeler que Guy Debord habitait Bellevue-la-Montagne jusqu’à son décès en novembre 1994.

Il semble donc opportun de rappeler à la mémoire l’œuvre et le bonhomme, que l’on a tendance à pousser aux oubliettes, non pas pour obsolescence mais plutôt parce que ses analyses non jamais été autant d’actualité : la spectacularisation de la société, la marchandisation à outrance qui va jusqu’à marchandiser sa propre image, la fétichisation, et bien d’autres thèses de l’auteur.

L’après-midi a été organisée par trois personnes, aux perspectives et aux apports contrastés : Michèle Blumental, cinéaste et journaliste, coordinatrice du site laforgnette.info — qui intervenait plus précisément sur le film, son histoire, sa construction—, Sylvie Dallet, historienne, présidente de l’Institut Charles Cros — pointant les paradoxes et les «manquements» de G. Debord — et Jean-Marc Ghitti, philosophe, président de Présence Philosophique au Puy — apportant une analyse sur l’aspect philosophique—, qui ont choisi de marquer la sortie du livre plutôt que les événements qu’il a provoqués. Une première partie traitait du contenu prémonitoire et des apports du livre : la société du spectacle est la face sombre de la société de l’information.

La seconde partie de l’après midi a été consacrée à la projection du film paru en 1973, quatrième film du cinéaste, qui mettait en images les analyses de 1967. Après l’approche diversifiée des intervenants, qui ont illustré les spécificités de la pensée complexe de Debord (le détournement des objets, les rapports de représentation, son refus des pouvoirs, ses rebellions, etc.), le public présent a très activement participé, par des questions et des souvenirs, au dialogue engagé.

Guy Debord, homme et auteur controversé s’il en fut, inclassable pascalien et marxien, a été découvert et questionné au prisme de l’histoire collective française, mais aussi de l’actualité philosophique de ses intuitions. La qualité des débats qui ont accompagné la Table ronde puis la projection, ne s’est pas démentie, tant le public présent était divers et attentif aux aspects prospectifs de cette pensée indépendante, dont Gallimard vient de republier les œuvres complètes. Sa théorie sur la spectacularisation de la société offre en effet de repères au constat d’un présent surmédiatisé et marchandisé, au développement des réseaux sociaux, à la spectacularisation du politique et, d’une manière générale, à « la perte du vivant de la vie ».

 

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