Un début de réflexion sur Nice

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En réaction à l’attentat de Nice, Jean-Marc Ghitti nous adresse ce texte

L’horreur du mal ! Nous avons eu, cette année, dans notre association de philosophie du Puy-en-Velay, une série de conférences sur un sujet toujours d’actualité : le mal. L’énigme reste pourtant entière ! Comment des actes comme celui de Nice sont-ils possibles ?

Le mal n’est pas extérieur à nous-mêmes. Nous le produisons collectivement. La haine est un produit social.

Pourquoi la société d’aujourd’hui produit tant de haine ? Terrorisme, extrémisme politique, etc.

Une piste : le macroscopique n’est que le reflet grossi du microscopique. Un attentat est favorisé par une culture de la haine dans le quotidien.

Au niveau macroscopique, il est facile de différencier le monstre de ses victimes. Mais au niveau microscopique, au niveau de ce qui se passe dans notre cœur, nous sommes des monstres en germe.

Comment accepter que les uns aient accès à tous les plaisirs, et les autres à aucun ?

L’égoïsme du chacun pour soi, de la relation de soi à soi. L’individualisme de chercher son bonheur au mépris de l’autre, et même à ses dépens. L’échec de l’intégration n’est qu’un aspect d’un échec plus vaste : celui de la fraternité, de l’amitié, des valeurs d’amour. Où est la fraternité dans la relation des couples qui se déchirent ? Où est la fraternité dans les familles qui sont un champ de bataille ? Où est la fraternité dans l’esprit de compétition qu’on cultive dans l’entreprise, en politique et ailleurs ? Où est la fraternité dans le rejet de l’autre, de sa religion, de ses modes de vie ? Quelle éducation donner aux plus jeunes quand les adultes vivent de la sorte ? C’est cette victoire de la petite haine au quotidien qui produit au bout du compte les grandes haines, les extrémismes violents.

Le mal, c’est nous qui le produisons, chaque fois que nous méprisons, chaque fois que nous rejetons, chaque fois que nous accusons.

Jean-Marc Ghitti

http://jean-marc-ghitti.jimdo.com

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One Reply to “Un début de réflexion sur Nice”

  1. MB dit :

    Beaucoup de questions sont soulevées dans ce texte. Et je ne suis pas sûre qu’elles aillent bien ensemble. Certains mots me choquent et c’est pourquoi je les reprend ici : par exemple «le mal», la «culture de la haine».
    «Le mal» est une question de morale et pour moi n’a pas de réalité tangible. On peut distinguer ce qui est bien ou mal, mais comment distinguer LE bien et LE mal ? Il y a dans cette appellation une sorte de matérialisation de ce mal qui renvoi à une personnalisation religieuse. Or pour ces terroristes là, aujourd’hui, nous représentons ce mal. Est-ce que cela leur donne une légitimité ?
    Le terrorisme est une question idéologique, une question de choix politique. Il est des idéologies où tuer est «bien» puisque cela va dans le sens de leur stratégie politique. Que les terroristes aient choisi cette stratégie, cela ne veut pas dire que ce soit LE bien et LE mal. Ces valeurs sont beaucoup trop subjectives pour représenter une base tangible pour un choix de société. Et que dire des choix gouvernementaux de partir en guerre et de bombarder ? Est-ce que cette stratégie est plus acceptable, moins «mal» que des attaques individuelles ? Qui représente LE mal ? Le pilote qui bombarde depuis le ciel sans voir ses victimes, en obéissant à son gouvernement ou le kamikaze qui tue en face à face en obéissant à un chefaillon auto-proclamé ?
    Quant à la «culture de la haine» : à quoi cela fait-il allusion ? Je ne crois pas que la haine soit un produit social. C’est une question très individuelle. Cela peut devenir aussi un choix de stratégie politique quand certains groupes la cultivent. Ce faisant ils font appel à des pulsions individuelles auprès de personnes manipulables. De fait les idéologies totalitaristes, fascisantes ont toujours joué avec cette tendance de certains et utilisé cette propension à la haine pour les envoyer à l’action. Je crois que c’est ce qui se passe actuellement où ces groupes qui se réclament de la religion poussent à la haine. En réponse, les extrémistes de droite de nos pays appellent également à la haine. Mais non, ne confondons pas la société de compétition, de rivalité, de domination, qui nous voyons s’installer avec une société de la haine. Je crois qu’il y a une grande distance entre les deux.

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